Châsse reliquaire de saint Fleuret

Après un nettoyage dans les règles de l’art par les intervenantes d’un laboratoire spécialisé, la châsse du saint-patron d’Estaing est dorénavant exposée dans la chapelle st Fleuret de l’église paroissiale.  L’artisan menuisier choisi par la Direction Régionale des Affaires Culturelles  pour fabriquer la vitrine devant accueillir le maître reliquaire est venu l’installer, assisté d’un compagnon, le vendredi 26 juillet,  en présence de Laurent Fau conservateur des antiquités et objets d’art de l’Aveyron et d’une délégation d’Estagnols attentifs dont Jean Pradalier maire d’Estaing et quelques membres du relai paroissial.

Les opérations de nettoyage, de réalisation de la vitrine et d’installation de la châsse ont été cofinancées par la Région Occitanie, La direction Régionale des Affaires Culturelle, le département de l’Aveyron, le relai paroissial et la mairie d’Estaing.

Brève histoire des reliques de saint Fleuret

Ve siècle : vie de st Fleuret mort à Estaing

1193 : plus ancienne mention actuellement connue du culte de st Fleuret

1524 : François d’Estaing évêque de Rodez ouvre le tombeau de saint Fleuret et constate la présence « […] d’un corps entier cependant dépouillé de sa peau… »

1669 : translation des ossements de st Fleuret dans un premier reliquaire qui sera abrité dans une cave vinaire pendant la Révolution, distribution de petits ossements à différentes paroisses

1880 : translation des ossements du premier reliquaire dans la châsse actuelle par Mgr Bourret évêque de Rodez et nouvelle distribution d’autres petits ossements à d’autres paroisses

2016 : observation biologique des ossements par une anthropologue de l’Institut National des Recherches Archéologiques Préventive qui effectue un prélèvement pour datation au 14C

2017 : datation au carbone 14 des ossements et publication des résultats qui mettent fin à toutes les controverses sur la période de vie de st Fleuret, † entre 431 et 558, et dont les concordances historiques et l’étude de textes anciens permettent de la situer au Ve siècle.

2018 : les résultats d’une étude des ossements contenus dans la cathédrale de Saint Flour par JL Bourdatchouk, l’archéologue qui a travaillé sur ceux de  st Fleuret en 2016 et 2017, précise : « […] les ossements conservés à la cathédrale de Saint-Flour n’appartiennent pas au squelette pratiquement complet conservé à Estaing… » Ceci met fin à la controverse longtemps entretenue d’un hypothétique dédoublement entre st Flour et st Fleuret, pour ne pas parler d’un vol partiel de relique.

2019 : Inscription de la châsse de st Fleuret au titre des monuments historiques, nettoyage de la châsse et exposition dans une vitrine sécurisée en la chapelle st Fleuret de l’église d’Estaing.

La châsse de St Fleuret pourrait bien « codifier » la procession de st Fleuret selon Mgr Bourret

 « C’est une hypothèse que nous avons souvent évoquée et argumentée entre chercheurs de différentes disciplines avec qui et grâce à qui nous avons pu conduire le chantier d’approfondissement et de diffusion des connaissances sur le patrimoine d’Estaing de 2013 à 2017 et dont on pourrait peut-être s’inspirer.» Précise Y Palobart

« Ce pourrait être en effet un témoignage exceptionnel du déroulement de la procession assagie après les duels ordaliques du XVIIe  et les reinages du XVIIIe. Les statues de personnages et les scènes représentées sur les émaux de la châsse de st Fleuret pourraient illustrer un moment de cette manifestation au XIXe… » Commente Roland Chabbert, conservateur régional de l’inventaire.

Mgr Bourret évêque de Rodez a beaucoup contribué à la relance du culte des saints aveyronnais, c’est lui qui, vraisemblablement motivé par la guérison publique de Julie Grignac en 1879, a financé la réalisation de la châsse de st Fleuret décorée des bijoux offerts par la population estagnole.

Les reliques de st Fleuret : un « triple trésor » 

Objets de dévotion depuis plus de 1 500 ans, un attrait jacquaire millénaire, une valeur archéologique…

Dans l’état actuel de nos connaissances, il pourrait bien s’agir d’un rare exemple « de corps entier » confirmé par la science, vénéré sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Elles sont exposées dans quatre reliquaires abrités dans l’église d’Estaing en la chapelle dédiée à St Fleuret qui se situe en face de la porte d’entrée. En regardant l’autel st Fleuret : à gauche, la châsse dans sa vitrine contient la plus grande partie du corps, les deux tibias sont contenus dans le reliquaire inséré dans le tabernacle du retable, à droite le buste reliquaire processionnel et dans la vitrine du mur de droite le bras reliquaire contient de radius droit.  

Yves PALOBART.
Photo de mise en place de châsse dans la vitrine M. Tandeau de Marsac/M.Atger